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Breendonk - Chronique d’un camp (1940-1944)

Breendonk

Parution : 17/01/2005
ISBN : 2930402075
248 pages
12,5 x 20 cm
20.00 Euros

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Jos Vander Velpen
Breendonk
Chronique d’un camp (1940-1944)

Ce livre est une chronique émaillée d’une multitude de témoignages des survivants du camp nazi belge de Breendonk. En quatre ans, de septembre 1940 à septembre 1944, près de quatre mille prisonniers ont séjourné à Breendonk. D’abord, des Juifs et des « éléments asociaux », plus tard, des prisonniers politiques, des résistants, des otages. La plupart étaient belges mais, au total, plus de quinze nationalités se sont retrouvées enfermées au fort.
Ce qu’ils y ont subi tient de l’indicible.
Il existe des bibliothèques entières sur Auschwitz mais la littérature sur Breendonk est pour ainsi dire inexistante. Breendonk, en effet, voilà bien un sujet déplaisant !
« Ça » se trouve au coin de la rue, et les SS – belges ! – y régnaient en maîtres.
Breendonk - chronique d’un camp est le premier ouvrage qui arrache à l’oubli la réalité de ce qui s’est passé dans ce qui était officiellement un « camp d’accueil » mais qui restera comme le « camp de la mort furtive ».

Jos Vander Velpen (né en 1948) est docteur en droit et avocat au barreau d’Anvers. Il est président de la Ligue des droits de l’homme en Flandre. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le fascisme dont Horizons noirs. L’extrême droite en Europe (EPO, 1996), et d’une histoire de la gendarmerie belge, Guère civil, de la gendarmerie à la police unique (EPO, 1998).

« Quelques jours plus tard, le vendredi 30 octobre au matin, De Bodt déménage de Wintam pour s’installer à Willebroek, ce qui le rapproche de son lieu de travail. Trois prisonniers sont réquisitionnés pour l’y aider.
L’un d’eux est l’Autrichien Isaac Trost qui, avant son arrestation, travaillait au Théâtre La Luna, un café bruxellois bien fréquenté. Vers midi, Frans Doms, un tailleur de l’avenue du Docteur Persoons, à Willebroek, voit le jeune juif sauter
par-dessus une haie et s’enfuir. De Bodt engage la poursuite mais l’oiseau s’est envolé. En colère, le SS entre dans le café Cambrinus et téléphone pour demander de l’aide. Au moins une dizaine d’hommes, accompagnés d’un chien, arrivent
et commencent à battre les environs à la recherche du fugitif. Finalement, ils le découvrent à proximité d’un champ de navets, près du mur du jardin de Doms. De Bodt est fou de rage. Il sort son pistolet, tire en l’air et somme les habitants du quartier, qui s’attardent sur les lieux, de rentrer chez eux. De derrière la fenêtre de son atelier, Doms voit que le SS frappe le fugitif si fort dans l’estomac que celui-ci se plie en deux et s’écroule face contre terre en gémissant. Dès qu’il peut reprendre son souffle, il lève les bras en l’air et demande grâce. De Bodt l’abat à bout portant. Deux de ses hommes le percent à coups de baïonnette et, finalement, Frans Van Neck, accouru sur les lieux, lui tire encore dessus à plusieurs reprises.

Après l’incident « tragique », Hendrik De Bruyser doit transporter le corps au fort dans sa propre voiture. Le cadavre reste exposé dans une mare de sang au milieu de la cour intérieure. Les mains sur les hanches, Prauss invite tout le monde à défiler autour du corps sans vie. « Vous voyez ce qui arrive, quand on est assez stupide pour s’enfuir », dit-il.

***
[ Les SS quittèrent le camp de Breendonk au moment où les Alliés touchèrent la frontière belge. La chasse aux SS s’organisent dès la Libération. Par crainte des représailles, ces derniers parviennent dans un premier temps à vivre dans l’anonymat le plus complet. Peu à peu, par hasard ou parce qu’ils ont été reconnus, les anciens SS sont traduits en justice].
« La magnifique salle du conseil de l’Hôtel de Ville gothique de Malines, où se tient le Conseil de Guerre, est archicomble. Des dizaines de rapporteurs, de survivants des camps et de proches sont venus des quatre coins de la Belgique pour assister au « procès du siècle ». […]
Des heures durant, l’assistance, particulièrement compatissante, écoute alors qu’au dehors, il neige par intermittence et que le carillon de la cathédrale Saint-Rombaut égrène un air joyeux. Constant Lemaitre, le président invalide de l’Association des Anciens Postiers, raconte avec une minutie douloureuse comment, un certain après-midi, Wyss a tué cinq juifs. Il considère également Wyss coupable de la mort de quatre postiers. Un autre témoin a vu Wyss jeter un prisonnier dans l’eau. Wyss bondit d’indignation et s’écrie : « C’est par accident qu’il s’est retrouvé dans le fossé. Je suis victime d’un vil complot. » Dans le tumulte qui s’ensuit, un postier, en proie à une vive émotion, tente de tordre le cou de Wyss. Le SS ne peut se dégager d’extrême justesse que grâce à l’intervention des gendarmes.
Ce n’est qu’après l’audition du député socialiste, Gaston Hoyaux, le 14 mars 1946, que Wyss reconnaît pour la toute première fois quelques-uns de ses crimes.
A certains moments, l’horrible froideur des accusés est si tangible que même les rapporteurs les plus endurcis doivent se mordre la langue. On a aussi parfois l’impression que c’est tout le mouvement collaborationniste qui comparaît tant est glauque la peinture du milieu politique dont Wyss et d’autres SS ont fait leur biotope. »


 
 
 
 
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